Le Lion, le Renard et le Petit Prince

Publié le par Elsa

Il y a de ces rencontres avec un Bel Homme qui vous bouleversent, vous questionnent, vous fragilisent, viennent vous bousculer comme un ouragan vous ferait tomber du canapé.

 

Cette fois, il me fallait d’abord m’apprivoiser moi-même face à lui, avant d’entamer toute exploration. Comme une aventurière aguerrie, j’observais ce sommet, il me faisait envie, je savais que l’ascension serait pleine d’émotions, de beaux paysages, de souvenirs inoubliables, jamais facile mais tellement belle. Et il y avait la promesse qu’au sommet, je serai un tout petit peu plus proche du soleil, un petit peu plus heureuse encore que je le suis déjà.

 

A la veille de l’étape inaugurale, l’aventureuse jauge ses forces, fait l’inventaire de ses ressources, de son équipement. Je savais que si je m’engageais, c’était pour aller au bout, alors je prenais le temps de la préparation, j’observais le terrain, les chemins possibles. Après les premiers jours cette exploration deviendrait, je le savais, de plus en plus facile, parce que ce beau sommet saurait m’ouvrir des chemins, m’accueillir, fournir des abris… Il saurait même devenir une grande plaine d’herbe à bisons quand il comprendrait que c’est un horizon sans fin qui émeut l’hardie jeune femme partie à sa conquête.

 

A la veille de la grande balade, je m’endormais chamboulée mais contente, c’était un beau moment de ma vie qui se préparait.

 

Mais au petit matin, la montagne n’était plus là.

 

C’était à n’y rien comprendre, à croire que je l’avais rêvée. Dans les premières minutes, j’ai cherché. Derrière moi peut-être ? J’ai tourné en rond. J’ai fait quelques pas en avant, était-ce la brume qui masquait mon bel objectif ? Mais non il n’y avait plus rien.        Il était parti.

 

Alors j’ai remballé mes affaires, ai pensé dans un sourire que même juste en rêve c’était une belle histoire. En rangeant j’ai trouvé mon carnet de route avec mes notes des choses à penser pendant l’ascension, les choses à dire quand j’aurai trouvé les mots, et les questions qui restaient en suspens. Des questions qui me brûlaient les lèvres depuis quelques jours à propos de son héritage, notamment, et puis je voulais comprendre comment le faire rire, c’était indispensable. Période d’observation, je pensais avoir le temps. Et je sentais que les réponses viendraient d’elles-mêmes, le Bel Homme me le disait sans cesse, il avait envie de me parler.

 

Les bras ballants, de retour dans ma solitude, tout à coup j’ai compris : le Bel Homme est parti très vite, il a fui, en fait. Une fuite nécessaire et urgente pour lui.

 

Les bras ballants, c’est l’absurdité qui m’a frappée. La précipitation de cette décision m’a cueillie pile quand mon énergie pour cette aventure montait en puissance. Je me sentais prête à l’apprivoiser, ce Bel Homme.

Exactement comme l’écrit Saint-Exupéry, avec son Renard qui demande au Petit Prince de venir le visiter tous les jours à la même heure, pour qu’il puisse l’attendre et s’habiller le cœur.

- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

- Ah! pardon, fit le petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta :

- Qu'est-ce que ça signifie « apprivoiser »?

- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie créer des liens...

- Créer des liens?

- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...

 

Publié dans ****

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B
.... au-delà des Montagnes, garde bien la Mer en ligne de mire, la Petite Poule 'crivaine... :-)
Répondre
E
<br /> <br /> ;-)<br /> <br /> <br /> <br />